Lauréat budget participatif Climat : Dans le Gard, se former à l’éco-construction

Après avoir construit eux-mêmes leur maison, à Monoblet dans le Gard, avec des matériaux et des techniques écologiques, Pauline et Cyril ont créé l’association Ecolab30 afin de partager leur expérience en éco-construction et accompagner celles et ceux qui ont un projet similaire.

Originaire de l’Hérault, Pauline Chazot, présidente de l’association Ecolab30, est arrivée dans le Gard il y a une douzaine d’années, lorsqu’elle est devenue professeure des écoles. Pensant que son statut de fonctionnaire pourrait lui permettre de devenir propriétaire avec son compagnon Cyril Torres, le couple se met à la recherche d’un bien à rénover sur ces belles terres cévenoles où l’Éducation nationale a affecté la nouvelle enseignante. « On n’a rien trouvé à part des ruines à prix d’or », se souvient-elle.
Pauline et Cyril s’intéressant déjà aux bâtis écologiques, ils participent à plusieurs chantiers participatifs d’éco-construction. « Cela permet de se former, de mûrir son projet et de faire des rencontres intéressantes. On est notamment partis trois semaines en Espagne en 2015, sur le chantier d’une maison qui ressemblait beaucoup à celle qu’on avait dans la tête. »
Par la suite, ils visitent dans le Gard une salle polyvalente avec une charpente dite « réciproque », sur laquelle Pauline est désormais intarissable. « C’est très esthétique et économique puisqu’elle est faite en bois rond, qui est beaucoup moins cher que du bois scié. Il n’est pas nécessaire d’avoir des compétences particulières pour la monter car il n’y a pas d’emboitement, donc pas de grosse contrainte technique. Et les caractéristiques mécaniques de cette charpente sont incroyables : le toit peut recevoir énormément de poids. »

Auto-construction écologique

Le couple se lance donc dans le projet d’auto-construction d’une maison écologique. Ils comptent tout faire à deux, commencent à dessiner des plans, à demander quelques devis et se mettent en quête d’un terrain. « Là, c’est comme pour les Jeux Olympiques, ce n’était pas gagné d’avance, rigole Pauline. On avait deux contraintes principales : le prix et trouver une municipalité qui accepte ce projet atypique avec une maison d’une forme un peu particulière. »
Après avoir fait le tour des cafés de village en village, pour discuter avec les habitants et trouver des pistes, ils apprennent que Monoblet souhaite vendre un terrain pour aider à financer sa future école. Ils obtiennent facilement le permis de construire et coulent les fondations en juillet 2017. Ils s’installeront en 2022 dans leur maison, après avoir vécu en caravane sur leur terrain, avec eau et électricité tout de même. Cinq ans de travaux, cela peut paraître long mais la vie et ses surprises ont donné le tempo : le travail à temps plein de Pauline, un décès dans sa famille, une opération chirurgicale pour Cyril, et enfin une grossesse et un bébé. Et, comme si tout cela n’était pas suffisant, la création de l’association Ecolab30.

Une association pour partager savoir et expérience

Mais pourquoi avoir rajouté une activité dans une vie déjà très remplie ? « Des gens qui avaient entendu parler de notre projet par le bouche-à-oreille venaient vers nous spontanément, tapaient à notre porte, explique la jeune femme. Beaucoup étaient dans la même démarche que nous, on passait du temps à parler de notre projet et à donner des conseils. On avait accumulé une mine d’informations, depuis les démarches administratives jusqu’aux techniques à mettre en œuvre. La création d’une association nous a semblé répondre à un besoin. »
Pauline tombe sur l’appel pour le budget participatif de la Région « Ma solution pour le climat ». « Honnêtement, je ne pensais pas du tout que ça allait marcher du premier coup. Contre toute attente, on a été lauréats ; on était très contents. »
Le couple a optimisé au maximum le budget obtenu, en faisant notamment une demande pour un contrat aidé, ce qui a permis d’employer Cyril pendant deux ans au lieu d’une seule année prévue dans le financement. Il a complété sa formation initiale dans le bâtiment par deux qualifications spécialisées, « pro paille » et « paille porteuse ».

Des logements accessibles à des petits budgets

L’association accompagne à la carte les porteurs de projet de rénovation ou de construction écologique, de l’avant-projet jusqu’à l’installation. « Une personne voulait par exemple simplement un conseil sur le choix des menuiseries, savoir ce qu’il faut prendre en compte par rapport à la réglementation thermique. Mais on nous a également fait confiance pour deux gros projets, une rénovation complète depuis les plans jusqu’aux finitions, et un projet neuf qu’on a suivi de A à Z dans un hameau pas loin de chez nous. La famille vient d’emménager, c’est très émouvant. »
L’objectif du couple de quadragénaires est de rendre les personnes entièrement autonomes dans leur projet et de lever les freins à la réalisation. « On pense souvent ne pas être capables, on est tentés de déléguer. Notre idée était d’aider les gens à faire par eux-mêmes, de révéler leur capacité d’agir. »
Mais ils veulent aussi donner la possibilité à toutes celles et ceux qui ont des moyens financiers limités de devenir propriétaire, à moindre coût, d’un logement écologique et sain.
La maison de Pauline et Cyril leur a ainsi coûté 70 000 € pour 120 m², soit environ 600 € le mètre carré. C’est une maison ossature bois, isolation paille avec un toit végétalisé, un bardage extérieur tout en châtaignier, trois chambres, un système de récupérateur d’eau de pluie pour alimenter la chasse d’eau des toilettes et pour d’autres usages. Tous les matériaux viennent d’une centaine de kilomètres au maximum.
Si l’accompagnement de l’association était gratuit pendant les deux ans couverts par le budget participatif, Ecolab30 fait désormais payer ses services d’assistance à maîtrise d’ouvrage, mais à un tarif deux fois moins cher que celui pratiqué par des professionnels. De quoi compenser la forte hausse des matières premières, notamment du bois, pour les personnes intéressées.


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Le projet Lauréat du budget participatif Climat  pour un montant de 52 500 €