Retour sur le rendez-vous annuel des rencontres régionales du dialogue citoyen

La Région Occitanie, le 7 juillet 2025


Une après-midi pour questionner l’engagement citoyen



À l’occasion de la quatrième édition du Printemps Citoyen Occitanie, la Région a ouvert, le 16 mai 2025, les portes de son hémicycle à une centaine de participants venus échanger, s’inspirer et débattre autour des enjeux de la participation citoyenne.


Conférences, ateliers, débats en mouvement, jeu sérieux… la journée a été rythmée par une diversité de formats, propices à la réflexion collective et à la rencontre entre élus, agents, associations et citoyens engagés.

L’après-midi a débuté en plénière avec une question centrale : comment se manifeste l’engagement ? Un point de départ pour explorer ensemble les formes qu’il peut prendre aujourd’hui, dans les territoires, les institutions, ou encore au sein des dynamiques de transition.


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2e414d7ef88a55f4e025a6d6a7b087ca0584d82b.jpgCrédit photo Younes Hamma / Région Occitanie


Olivier Romero Gayo, conseiller régional délégué à la participation citoyenne a prononcé un discours d’ouverture avant de laisser Martial Benazet s’exprimer à propos des coopératives d’énergie citoyenne.


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Le président de l’association Partageons nos énergies est venu témoigner de son engagement pour une transition énergétique plus collective et inclusive, en mettant en lumière le rôle des coopératives d’énergie citoyenne. Au-delà de la production d’énergie, ces coopératives visent à renforcer les liens sociaux en associant les habitants à une gestion partagée de leur consommation.


Il a présenté le dispositif d’autoconsommation collective, encore peu connu, comme un levier pour embarquer un plus grand nombre de citoyens dans cette dynamique. Plusieurs éléments techniques ont été abordés, notamment le nombre croissant d’opérations en France (883 à ce jour), les possibilités de dérogations géographiques — jusqu’à 10 voire 20 km dans certains cas, contre 2 km en temps normal — ainsi que les conditions de revente de l’énergie, souvent plus avantageuses dans ce cadre, avec un impact concret sur les factures d’électricité.


L’intervention a donné lieu à un échange nourri avec le public : l’autoconsommation implique-t-elle davantage de sobriété ? Comment s’organise la gouvernance entre acteurs publics et privés ? Quelles garanties sont proposées aux usagers ? Le fait de rejoindre une communauté énergétique transforme-t-il notre rapport à l’énergie ? Autant de questions qui traduisent l’intérêt croissant pour ces nouvelles formes de participation citoyenne à la transition énergétique.

 

Retrouvez ici son site internet : https://partageonsnosenergies.fr/

 

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Crédit photo Younes Hamma / Région Occitanie



Mettre les jeunes au cœur des démarches participatives : regards croisés entre Montréal et l’Occitanie


À la suite d’une première intervention, nous avons eu le plaisir d’accueillir la Ville de Montréal en visioconférence. Élisabeth Rivest, conseillère en expérience citoyenne, est intervenue pour présenter les démarches mises en œuvre afin d’impliquer la jeunesse dans le budget participatif de la métropole québécoise. Responsable de la coordination de ces processus à l’échelle de toute la ville, elle a détaillé les stratégies spécifiques déployées pour mobiliser les jeunes dans toute leur diversité.


À Montréal, les jeunes peuvent participer dès l’âge de 12 ans, sans condition de citoyenneté*, ce qui marque une volonté claire d’inclusivité. Plusieurs thématiques prioritaires ont été identifiées, dont la jeunesse, la sécurité et l’équité. Le processus suit un schéma classique en trois étapes : collecte d’idées, transformation des idées en projets, puis vote citoyen.

Un effort particulier a été porté sur la communication à destination des plus jeunes. Pour ce faire, la Ville de Montréal a collaboré avec des influenceurs locaux, diffusant des contenus attractifs pour promouvoir le budget participatif et inciter les jeunes à s’impliquer. Quelques exemples de ces vidéos ont été présentés à l’auditoire, illustrant cette stratégie de médiation contemporaine.


Dans un second temps, la parole a été donnée à Mirza, lauréate du budget participatif étudiant en Occitanie. Présidente de l’association Les Récup’Solidaires à Perpignan, elle a témoigné de son engagement contre la précarité alimentaire étudiante. L’association, implantée à l’Université de Perpignan (UPVD), lutte également contre le gaspillage alimentaire tout en encourageant les étudiants à consommer local, sain et durable.


Concrètement, l’association récupère des invendus ou surplus alimentaires auprès des producteurs, maraîchers, arboriculteurs et distributeurs de la filière fruits et légumes. Elle organise aussi des ateliers de cuisine, des opérations de glanage dans les champs après récolte, et des actions de transformation des produits trop mûrs (en confitures ou conserves). Ce témoignage a permis d’ancrer les enjeux alimentaires dans une réalité étudiante très concrète et engagée.

La séquence s’est conclue par un temps d’échanges avec la salle. Plusieurs questions ont été soulevées :

  • Quelle part du budget total de la ville est allouée au budget participatif à Montréal ?
  • Quelle est la provenance des projets : s’agit-il d’idées issues des services municipaux ou bien émergent-elles réellement des citoyen·nes ?
  • Quelle est la portée des actions étudiantes portées par Les Récup’Solidaires en termes de nombre de bénéficiaires ?
  • Enfin, comment la représentativité territoriale est-elle assurée dans le cadre du budget participatif montréalais ?

*Toute personne, quel que soit son statut juridique — citoyen canadien, résident permanent, réfugié, demandeur d’asile, étudiant étranger, etc. — peut participer à certains dispositifs de démocratie participative, comme le vote dans un budget participatif.

Retrouvez ici la rubrique dédiée sur le site de Montréal : https://montreal.ca/sujets/budget-participatif ainsi que le compte Instagram de l’association Les Recup’Solidaires : https://www.instagram.com/lesrecupsolidaires/

 

Un fishbowl pour faire coopérer la transition


Dans le cadre du temps fort du Printemps Citoyen, La Rosêe – le réseau des tiers-lieux d’Occitanie – a proposé un temps d’échange en format fishbowl pour réfléchir collectivement à la question suivante : L’engagement des citoyens en faveur des transitions : une affaire de coopération ?

Ce dispositif, qui favorise l’écoute et la circulation de la parole en grand groupe, repose sur deux cercles de chaises : un cercle intérieur pour débattre, un cercle extérieur pour écouter. À tout moment, un participant peut rejoindre la discussion en occupant la chaise vide, libérée par un autre intervenant.


Animé par Suzanne et Lise pour La Rosêe, cet atelier-débat a permis de croiser les regards entre acteurs variés : la Région Occitanie (Anne Subra-de-Bieusses), Eurek’act (Francesca Boniotti) et des représentants de tiers-lieux. Tous ont partagé leurs expériences pour illustrer comment la coopération territoriale peut devenir un levier de participation citoyenne et de pouvoir d’agir.

Les échanges ont souligné le rôle essentiel des dynamiques locales, des alliances entre élus, associations, entreprises et citoyens pour faire émerger des solutions durables, inclusives et ancrées dans les réalités des territoires. Les tiers-lieux y apparaissent comme des espaces stratégiques pour impulser cette transition collective.


 

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Crédit photo Younes Hamma / Région Occitanie


L’intelligence artificielle en perspective


Dans l’hémicycle, Jérôme Azé, professeur des universités en informatique et chercheur au LIRM, a proposé une intervention pédagogique sur l’évolution de l’intelligence artificielle. Il a retracé les grandes étapes de son développement sur les 80 dernières années, tout en pointant les dérives possibles et en clarifiant les différentes formes d’IA.

L’échange avec le public a permis d’aborder plusieurs sujets : l’impact environnemental des IA, la nécessité de mieux former les citoyens, et la question provocante d’une intervention qui aurait pu être générée… par une IA elle-même.

 

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Le très attendu Tribunal des idées a ensuite animé les débats autour d’une question volontairement provocatrice : l’intelligence artificielle peut-elle sauver la démocratie ? Inspirée des codes de la justice, cette séquence participative — menée par les Ateliers Ludosophiques — a vu les participants endosser les rôles d’avocats et témoins pour confronter leurs arguments dans un cadre ludique et réflexif.


Les échanges ont donné lieu à des prises de position contrastées. Du côté des avocats en faveur de l’IA : « Elle prendra en charge le travail des hommes, ils n’auront plus à travailler », ou encore « Il y a l’intelligence artificielle… et la connerie naturelle : cette dernière a sa place dans le pluralisme ». À l’opposé, la partie « contre » s’interrogeait : « Comment faire société avec si peu de relations interpersonnelles ? » Un témoin a résumé son scepticisme avec humour : « Moi, l’IA, je ne la vois pas monter des parpaings. »

Une séquence originale et engagée, qui a permis de croiser les regards, entre dystopies technologiques et espoirs démocratiques.


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Pour clôturer la journée, Louise Jean-Albert, représentante de l’Institut de la concertation et de la participation citoyenne (ICPC), a partagé une réflexion sur les impacts de l’intelligence artificielle dans le champ de la démocratie participative, en s’intéressant tout particulièrement à l’avenir des métiers liés à l’animation du dialogue citoyen.


Elle a soulevé plusieurs axes de questionnement qui structureront des travaux de recherche sur les prochaines années. Parmi les enjeux identifiés : la nécessité de garantir une IA éthique, respectueuse de la représentativité, des cadres juridiques comme le RGPD, de la souveraineté des outils utilisés, mais aussi de leur empreinte environnementale.


Une interrogation centrale demeure : l’IA peut-elle se substituer à l’expression citoyenne et « faire démocratie » à notre place ? Si pour Louise Jean-Albert, la réponse est clairement non, elle rappelle que des dispositifs d’IA ont déjà été mobilisés pour remplacer des panels de citoyens dans certains exercices de concertation. Mais sur quelle base garantir la légitimité et la représentativité de ces approches ? Ces enjeux majeurs seront au cœur des travaux de l’ICPC dans les années à venir.

Un premier rapport, élaboré avec Sciences Po Grenoble, est déjà disponible : « Qu’est-ce que l’IA va faire aux personnes qui animent le dialogue citoyen ?  » et des cycles de webinaires sont à retrouver sur leur site.


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En parallèle, des outils étaient à découvrir en libre accès :

 

          La mallette du GoNoGo qui est un outil pour les collectivités afin de questionner leurs démarches d’aller vers les citoyens

 

          La carte des langages d’Occitanie qui montrel’importance du choix des mots et de leurs significations pour parler desbudgets participatifs


          Démocraties, le média critique de la participation