« Les budgets participatifs concourent à structurer les initiatives citoyennes » Entretien avec Mélanie Tisne-Versailles

La La Région Occitanie, dans Alimentation, le 26 septembre 2023

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Mélanie Tisné-Versailles, conseillère régionale d’Occitanie, est venue à la rencontre des Agribains au lycée professionnel Guynemer à Toulouse. L’association, lauréate du budget participatif « Vos idées et solutions pour une alimentation durable en Occitanie 2021 »,  sensibilise les élèves sur la culture de fruits et légumes en ville, et sur le bien-manger.



 

Mélanie Tisne-Versailles, à vos yeux, quel est l’intérêt de ce dispositif des budgets participatifs – où la Région donne une partie de son budget à des projets portés par des citoyen.nes et élus par le vote citoyen – pour les habitant.es de la Région Occitanie ?


Aujourd’hui, pour solliciter une aide de la Région, ou répondre à des appels d’offre, il faut avoir une structure bien établie. Le budget participatif permet d’accompagner plus simplement des projets naissants des citoyen.nes. Il leur faudra créer une structure à l’étape du vote mais en amont tout citoyen âgé d’au moins quinze ans peut déposer une idée. Le dispositif du budget participatif est aussi un support pour créer une communauté autour d’un projet. Un porteur a témoigné que c’était le public qui l’avait mis en scène. Et que le budget participatif lui a donné une visibilité. Les indicateurs  l’ont aidé à peaufiner sa vision de ce que son projet pouvait apporter au grand public, et à se structurer. Ce porteur a créé des ponts et des partenariats avec d’autres porteurs de projets qui comme lui voulaient changer les choses. Les budgets participatifs concourent à structurer ces initiatives citoyennes.



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Vous êtes allée visiter l’installation des Agribains au lycée Guynemer, pourquoi ce projet lauréat a-t-il retenu votre attention ?


C’est une association spécialisée dans la découverte des potagers, dans l’agriculture urbaine. Beaucoup de nos jeunes n’ont pas accès à ce monde-là. Les Agribains font des interventions dans les écoles, dans les lycées, et c’est bluffant. Ils réalisent des Agribac pour faire de la culture « en lasagne », et les classes viennent à leur rencontre lors d’ateliers. Ce petit espace de l’Agribac permet de faire de grandes découvertes : celle des semis d’automne, et celle de goûter les légumes crus. Bien souvent, c’est une première pour ces jeunes. Nous savons d’expérience que les jeunes mangent plus équilibré quand ils savent, qu’ils connaissent l’histoire de ces fruits et légumes. Dès la maternelle, cette première pierre est essentielle : il faut raconter cette histoire, apprendre aux petits comment un légume pousse, c’est fondamental. Or l’agriculture est la grande absente du monde scolaire. Les Agribains viennent combler ce manque. Leur dispositif est simple et ludique : il permet d’apprendre, de retenir, et il éveille la curiosité. Il provoque de l’émotion aussi à travers le goût, le toucher, et le partage. C’est très pédagogique.



Quelle réponse aux grands enjeux que nous connaissons aujourd’hui peut apporter la participation citoyenne et plus spécifiquement ce dispositif du budget participatif ?


Ce dispositif est désormais inclus dans le design de la politique publique. Un projet qui ne rentre pas dans le cadre classique peut être pris en compte, et ainsi faire évoluer nos politiques régionales. De plus, les projets qui actuellement sont déposés sur le site dans le cadre de « Vos solutions pour le Climat et l’Alimentation  », et qui sont en cours d’instruction, confortent notre Pacte vert et notre stratégie autour de l’alimentation. Cette participation citoyenne est plus que nécessaire, on ne peut pas continuer dans notre coin : il faut un agglomérat de pleins d’acteurs, puisque cela nous concerne toutes et tous.


En ce qui concerne l’alimentation, nous voyons bien que les zones urbaines sont en peine. Autrefois, il y avait des jardins partagés, mais aujourd’hui le bâti a pris toute la place. Pour les zones rurales, nous avons des enjeux liés à la précarité et à la difficulté d’accès à la solidarité alimentaire. Les porteurs de projets des budgets participatifs s’intéressent à cette question et proposent par exemple des projets autour d’épiceries mobiles. Nous avons également des projets autour de la transformation alimentaire, ce qui est important puisque l’on perd le plaisir d’apprendre à cuisiner. Beaucoup de projets ont en commun cette notion du partage et de la solidarité autour du geste de cuisiner. La créativité vient de ce type de projets : ceux qui permettent de répondre aux enjeux actuels, et ceux qui sont hybrides aussi. Par exemple, une association qui fait de l’aide alimentaire propose également de lutter contre le gâchis. Nous devons faire évoluer nos dispositifs régionaux pour prendre tous ces aspects en compte.


Aujourd’hui, quelle est l’actualité de la politique régionale autour de cette question de l’alimentation dans les lycées ?


Nous avons pour ambition de révolutionner la restauration collective. Nous sommes déjà dans une démarche de qualité, de provenance bio et locale des aliments dans les cantines scolaires. La plateforme d’achat Occit’alim permet d’acheter ces produits bios et locaux. Mais nous voulons créer de la pédagogie autour de cette question. Nous allons travailler avec un lycée pilote, mais nous vous en dirons plus bientôt !



Pacte Vert : l’Alimentation


Depuis l’adoption du Pacte pour une alimentation durable en Occitanie, la Région souhaite encourager l’émergence d’une « citoyenneté alimentaire ». C’est-à-dire permettre à chaque citoyen d’être acteur de son alimentation en lui redonnant le pouvoir de choisir son alimentation selon ses goûts et ses moyens, en lui donnant les clés lui permettant de réaliser des choix de consommation alimentaires éclairés, ou encore en lui donnant la possibilité de prendre part à la gouvernance régionale en matière d’agriculture et d’alimentation.