Lauréat du budget participatif « Ma solution pour le climat » 2020 : Dans l’Hérault, un vélobus pour les écoliers

La La Région Occitanie, dans Climat/biodiversité/ressources hors Arbres et Transport et mobilité, le 4 janvier 2024

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Essai de l’Ecol’O bus avant les derniers ajustements


À Castelnau de Guers, commune de 1200 habitants proche de Pézenas, Yves Gruffaz, citoyen engagé auprès des enfants à travers son association d’aide aux devoirs « Fête des devoirs », s’est lancé dans un projet qui devrait rencontrer l’approbation de tous : l’Écol’O bus, un système de ramassage scolaire original, bon à la fois pour l’environnement et le bien-être des écoliers.


Yves a eu mille vies, technico-commercial, entrepreneur dans le bâtiment ou encore prof de karaté. Savoyard d’origine et globe-trotteur dans l’âme, il a vécu plusieurs années loin de la métropole. Installé à Castelnau de Guers en 2012, il contracte l’année suivante, au cours d’un voyage en Birmanie, une forme rare, grave et handicapante du syndrome de Guillain-Barré. Après 15 mois d’hospitalisation, comme il a décidé que la maladie n’allait pas l’arrêter et qu’il ne fait pas les choses à moitié, il entame un périple en fauteuil tout terrain jusqu’au Cap Nord.

C’est dire si l’homme a de la ressource. Yves Gruffaz n’est pas du genre à renoncer à la première difficulté et n’envisage pas son quotidien sans s’investir dans de nouveaux projets.
« J’encadre des enfants depuis 40 ans, j’ai fait beaucoup d’interventions dans des associations à titre bénévole ainsi qu’au centre de loisirs de Castelnau. Et j’ai créé une petite association pour faire de l’aide aux devoirs », explique ce dynamique retraité qui connait de nombreuses familles de la commune.


Un vélobus découvert aux Pays-Bas

En 2019, il développe avec son association une idée de vélobus, concept qu’il a découvert aux Pays-Bas quelques années auparavant. « J’avais trouvé ça génial : huit enfants, accompagnés par un adulte, pouvaient aller à l’école en pédalant, en toute sécurité. » L’un des buts visés : que le trajet vers l’école devienne un plaisir pour les enfants, qui font ainsi de l’activité physique de manière ludique et écoresponsable. « Ici, la majorité des parents habitent à moins d’un kilomètre de l’établissement scolaire. Pourtant, chaque matin, une cinquantaine de voitures s’arrêtent devant l’école pour déposer les enfants, cela rend la circulation impossible, c’est dangereux, cela génère de la pollution, ça devient invivable. »

Yves Gruffaz se penche très sérieusement sur ce projet : « Au départ je voulais importer ces vélobus des Pays-Bas où ils étaient vendus 13 000 € pièce ». Après avoir étudié les parcours du futur ramassage scolaire, il se dit que l’idéal serait d’avoir trois engins pour faire six rotations le matin (deux par vélobus) et autant le soir, afin de transporter environ 60 élèves – sachant que l’école avait l’an dernier un effectif de 87 élèves. Restait à financer ces achats. « En cherchant des sources de financement, je suis tombé sur les budgets participatifs de la Région. »


Changement de braquet

Dès le projet déposé sur le site internet de la Région fin septembre 2019, Yves parle de son idée à tout le monde. « À l’époque, le trésorier de l’association « Fête des devoirs » était un élu de la commune : je suis allé voir l’ancien maire à qui j’ai expliqué le projet, c’est d’ailleurs lui qui a trouvé le nom Écol’O bus, que nous avons gardé. J’ai pris rendez-vous avec la directrice de l’école, on a même fait une présentation devant l’école aux heures de sortie de classe pour informer les parents. » Sans savoir encore si le financement serait possible. « On a été très heureux quand on a su qu’on avait remporté le budget participatif, parce que sans cela, notre projet n’aurait pas pu exister. »

Mais les choses ne se passent pas toujours comme prévu. Yves Gruffaz se rend compte qu’il ne pourra pas acheter les vélobus aux Pays-Bas : une start-up du côté de Rouen a obtenu de l’entreprise néerlandaise l’exclusivité à l’importation en France ; elle ne propose pas les vélobus à la vente mais seulement à la location, à un tarif beaucoup trop élevé. « En janvier 2020, en prévenant bien sûr les services de la Région, on a décidé de changer notre projet et de fabriquer le matériel en France. »

Yves construit une maquette, trouve un bureau d’études qui dessine un premier prototype tout en aluminium. Hélas, lors du montage, deux grosses erreurs, pas modifiables, apparaissent. Qu’à cela ne tienne, l’équipe travaille sur un deuxième prototype, avec une partie basse en lamelles de frêne et une structure en aluminium au-dessus.


Avec la participation des enfants

La production de l’Écol’O bus est faite à 100 % en Occitanie, grâce à deux sous-traitants, l’association Opus Apus à Lodève et une petite entreprise de soudure à côté de Béziers.

Mais la particularité de cette fabrication locale, c’est la participation des enfants au montage. « Dès le début du projet, je leur ai montré des vidéos de vélobus, ça leur a beaucoup plu. Et je leur ai proposé de participer, en demandant bien sûr l’accord des parents. Les gamins étaient enthousiastes, ils sont venus le mercredi et le week-end : j’ai filmé tout le processus. Ils ont boulonné les structures, monté les pédaliers, ils découvraient les outils… ils ont adoré. »

L’Écol’O bus à assistance électrique de 250 watts est quasiment terminé. Il reste quelques pièces à fabriquer, d’autres à monter. Les normes Afnor qui réglementent les cycles mus par la force humaine avec ou sans assistance électrique ont évidemment été respectées. Quand le véhicule sera totalement achevé, il passera par une étape de contrôle pour homologation.

L’objectif serait qu’il circule à la rentrée des classes de septembre 2024.

Le souhait d’Yves Gruffaz est que devant l’école, les rires des enfants arrivant en Écol’O bus remplacent le bruit des moteurs de voitures.


Lauréat du budget participatif Climat en février 2020 pour un montant de 50 000 €