Lauréat budget participatif Alimentation. Dans le Tarn, un lien entre jardiniers amateurs et agriculteurs

Échanger des graines, des plants, des savoirs entre jardiniers amateurs et maraîchers professionnels, permettre aux uns et aux autres de mieux se connaître, donner l’opportunité à des familles des villes de découvrir le monde agricole de façon très concrète : c’est le challenge relevé grâce au projet « Réseau des jardins et des champs ».

Installée à Albi depuis 2017, la SCOP (Société Coopérative et Participative) « Les mains sur terre » est dédiée à la valorisation des bio-déchets. Ses domaines d’intervention : la lutte contre le gaspillage alimentaire, le compostage, l’installation de toilettes sèches, mais aussi l’animation de jardins partagés, une de ses premières activités.

Marion Baillet est l’une des membres de cette SCOP albigeoise. « L’idée du réseau des jardins et des champs est née de l’envie de mettre en relation plusieurs jardins partagés avec qui nous étions en rapport et de faire dialoguer ce monde des jardins partagés bénévoles avec le milieu agricole », explique-t-elle.

« Les mains sur terre » travaillant régulièrement avec l’association Terres citoyennes albigeoises, déjà lauréate des budgets participatifs de la Région, c’est tout naturellement que les deux structures ont collaboré pour monter ce projet. « Nous avons imaginé trois événements autour de trois types de culture, la citrouille, le blé et l’oignon. »

Du grain de blé à la tartine

L’action autour du blé s’est construite en lien avec l’association Pétanielle de préservation des semences paysannes pour le blé et l’orge. Un demi-hectare de blé a été planté chez des agriculteurs à Lescure d’Albigeois, avec l’aide de jardiniers amateurs venus des quartiers prioritaires d’Albi et d’autres jardins partagés de villages aux alentours. Parallèlement à cette plantation à grande échelle, des particuliers ont été invités à planter un mètre carré de blé chez eux ; l’opération a aussi été menée dans des écoles et des collèges.

« Nous voulions suivre toutes les étapes ensemble, de A à Z », raconte Marion. « Semer le blé, le récolter, le moudre etin fine faire cuire le pain sur une place publique avec un four à pain mobile, puis le manger. »

La dégustation a eu lieu le 17 septembre 2021, lors du Printemps des cultures dans le quartier Cantepau. « C’était au milieu des tours, au moment des sorties d’école, il y avait beaucoup de passage. Les enfants qui ont participé ont adoré : d’abord mettre les mains dans la terre, voir pousser le blé, s’en occuper régulièrement parce qu’il faut mettre des filets pour protéger des oiseaux, pour finir par pétrir la pâte à pain, ça a vraiment fait sens pour eux. »

La citrouille dans tous ses états

L’événement autour de la citrouille s’est monté avec l’association Terres citoyennes albigeoises : il s’agissait d’inciter des jardiniers amateurs à planter des courges, puis que chacun vienne avec sa courge à une grande fête de la citrouille fin octobre, à l’occasion d’Halloween.

« On a encouragé tous les jardins partagés qu’on connaissait à participer à cette plantation de courges », se rappelle Marion Baillet. « Le 30 octobre 2021, pour la première fête de la citrouille organisée à Lescure, on avait affrété un petit bus depuis les quartiers Cantepau, Rayssac et Lapanouse, les trois quartiers prioritaires d’Albi où l’on travaille sur les jardins partagés. Des gens sont venus aussi d’autres jardins ruraux, de Carmaux ou d’ailleurs. C’était un moment très festif et convivial.  »

Au total, une centaine de personnes étaient présentes. Les courges ont été creusées pour faire des citrouilles d’Halloween, la chair utilisée pour préparer une soupe à déguster sur place. Des animations étaient proposées, notamment un concert et des olympiades autour du métier de maraîcher.Depuis, cette fête de la citrouille a lieu tous les ans et le nombre de participants a doublé cette année.

Relancer l’oignon de Lescure

L’oignon de Lescure, réputé pour sa bonne conservation et massivement cultivé dans cette plaine jusque dans les années 1980, a disparu. Heureusement, des collectionneurs ont gardé des graines et les maintiennent en vie. Le collectif Occupe-toi de tes oignons ! issu du Réseau des Semences Paysannes, a offert des semences dans le cadre de ce projet.

« L’oignon est une espèce qu’on retrouve finalement assez peu dans les jardins car c’est très compliqué à semer et il faut le faire sur deux ans », révèle Marion. « Nous nous sommes appuyés sur les compétences de maraîchers de Lescure : ils ont fait le premier semis, ce qui nous a permis ensuite de distribuer des plants aux jardins partagés intéressés. »

La première récolte a eu lieu à l’été 2022, puis à nouveau des semis en 2023. Une nouvelle récolte est donc prévue pour l’été prochain. L’objectif est de garder des semences pour perpétuer la culture de cet oignon local.

Lauréat du budget participatif Alimentation  pour un montant de 14 500 €

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