Lauréat budget participatif : en Lozère, de la joie itinérante

La La Région Occitanie, dans Culture, le 7 janvier 2025

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Un public nombreux lors d’une représentation en plein air


Basée en Lozère, la compagnie de La Joie Errante a acquis et aménagé une remorque-scène et un véhicule-loges pour proposer du théâtre dans les territoires ruraux éloignés de l’offre culturelle et amener le spectacle vivant partout, y compris dans les petits villages. Depuis deux ans, le succès est grandissant.


« Je suis originaire de Lozère, mes parents sont paysans. Quand j’étais petit, l’accès à la culture était compliqué parce qu’on était loin de tout et que mes parents travaillaient énormément, y compris le soir. » Thomas Pouget, metteur en scène, comédien et auteur, dirige la Compagnie de La Joie Errante, qu’il a souhaité implanter sur le territoire de la communauté de communes des Terres d’Apcher Margeride Aubrac, là où il a grandi. « Je me suis aperçu que ce qui m’intéressait, c’était de travailler pour ce public qui vit à la campagne, qui pense souvent que la culture, ce n’est pas fait pour lui, à qui cela peut faire peur de franchir la porte d’un théâtre. » La première création de la compagnie, « Vacarmes, ou comment l’homme marche sur la terre », traite de la question paysanne. « Pour ancrer notre propos, nous sommes allés interviewer des paysans et paysannes, des vétérinaires, des inséminateurs, des élus, des banquiers, pour avoir l’idée la plus complète de ce qu’est l’agriculture aujourd’hui et faire en sorte que cette histoire soit la plus universelle possible  », raconte l’homme de théâtre. En février prochain, ils joueront la centième de ce spectacle. « Nous nous sommes produits dans des lieux très différents, aussi bien dans des salles des fêtes qu’au centre dramatique national d’Angers ou au ciné-théâtre de Saint-Chély d’Apcher. »


Faire venir le théâtre à la campagne


Mais Thomas Pouget a bien conscience que toutes les municipalités ne disposent pas d’une salle de spectacle, ni même d’un théâtre de verdure où jouer en extérieur. Dans beaucoup de communes, il n’existe aucun équipement où des artistes peuvent se produire. Le metteur en scène entame une réflexion : et si on pouvait transformer un espace qui a priori n’est pas dédié au spectacle, une place de village, un champ, une étable, pour y créer un espace théâtral ?
« Je pensais que ce serait pertinent. Et puis c’est moins impressionnant d’aller voir une pièce de théâtre dans ces conditions. » L’idée d’un camion ou d’une remorque commence à mûrir. Au même moment, Thomas entend parler des budgets participatifs de la Région par des connaissances.
Le plan d’action s’élabore, la candidature est déposée, la Scène errante est lauréate. « Les budgets participatifs ont donné l’impulsion indispensable à notre projet : la compagnie n’aurait jamais pu assumer seule son financement. Lorsque nous avons été sélectionnés, j’ai trouvé que le message envoyé par la Région Occitanie par rapport à la mobilité sur nos territoires, à l’accès à la culture et au soutien aux équipes artistiques, était très encourageant. »


Une remorque qui se déplie


L’option d’une remorque indépendante et d’un gros véhicule pour la tracter est choisie. L’équipe déniche une remorque utilisée pour des fêtes de village. « Mais elle n’était pas du tout adaptée, se souvient le metteur en scène. Il a fallu changer la bâche et les vérins, repeindre le sol, redécorer, anticiper le montage et le démontage, acheter des projecteurs… »
Aujourd’hui, cette remorque sert de scène. Pliée, elle mesure 8,50 mètres de longueur sur 2 mètres de large. Lorsqu’elle se déplie, cela donne un bel espace scénique de 7 mètres sur 6, qui permet d’accueillir jusqu’à six comédiens et des décors. L’arrière du fourgon qui tracte la remorque a été aménagé en loges avec deux banquettes, un miroir et de quoi se maquiller si besoin.
Entre l’achat et les aménagements, la Scène errante a été opérationnelle pour une première tournée à l’été 2023. De neuf représentations au début, ils sont passés à 12 en 2024 et l’été prochain, une vingtaine de dates sont déjà programmées.


Donner du bonheur


La compagnie travaille souvent avec la Mutualité Sociale Agricole (MSA). Lorsque celle-ci prend en charge le spectacle, le public est accueilli gratuitement.
« On a joué dans une énorme étable où on a réussi à rentrer la remorque, sourit le comédien. Les spectateurs étaient assis sur des bottes de foin. On a aussi joué au milieu des vignes. On a eu jusqu’à 400 spectateurs. Notre plus petit chiffre, c’est une centaine de personnes. »
Le public est varié : des paysans, des jeunes originaires des villages, des néo-ruraux… « C’est beau et très rassurant de parvenir à rassembler tous ces publics, se réjouit Thomas Pouget. Parfois, on rencontre des agriculteurs de 70 ou 80 ans qui viennent au théâtre pour la première fois de leur vie. En sortant, certains nous disent : c’est ça le théâtre ? Mais c’est pas mal du tout ! Le plus touchant, ce sont ceux qui veulent retenter l’expérience. Des personnes ont vu le spectacle cinq ou six fois et reviennent encore ! Au-delà de la culture, on apporte du lien, un moment de partage et là, c’est clair : la joie arrive naturellement. ».


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Lauréat du budget participatif Culture en mars 2021 pour un montant de 43 000 €