ACTU PROJET [Occitanie ouverte sur le monde] La culture de l’ouverture
Lors des répétitions sur les textes écrits en ateliers.
L’association toulousaine Arts en Acte crée des espaces d’expression artistiques pour les personnes en situation de précarité. Leurs récits de vie, leur exil s’animent dans les mots, la gestuelle, la voix… Des ponts de communication pour lever les incompréhensions.
Certaines têtes sont levées. D’autres se tiennent plus proches de la feuille qui lentement se noircit de mots. Dans le silence de l’atelier d’écriture, on perçoit à peine le bruit du contact des mines de stylos sur le papier. L’encre se diffuse, permet de dire, de sortir les pensées des tréfonds de l’intime avec pudeur. Des textes d’une grande richesse se dessinent. En français ou dans la langue maternelle de ceux qui participent à la séance. Car beaucoup d’entre eux sont nés ailleurs, exilés.
Ces espaces d’expression artistique, ouverts aux personnes en situation de précarité, sont encadrés par l’association toulousaine Arts en Acte, cofondée par Fabienne Roger et Noémie Lelay-Mérillon. Ils se conjuguent aussi en des jeux scéniques, des productions visuelles et sonores. Tout un réseau d’artistes les accompagne. Nicole Garretta, comédienne et metteure en scène. Jacky Mérit, compositeur et metteur en son. Abdul Saboor, photographe… Leur point commun est de donner par le biais de la culture la parole à ceux qui n’ont pas les moyens de s’exprimer.
Une création radiophonique autour de l’exil
Fabienne et Noémie travaillent avec d’autres associations. Leur premier projet s’est construit avec Hambastegi, qui propose une aide administrative aux réfugiés afghans. « Nous avons constitué sur le volontariat un groupe pour des ateliers d’expression libre », se souvient Noémie. Avec la recommandation de « venir tel que vous êtes ». Une quinzaine de personnes se sont manifestées. « C’est un investissement qui n’est pas simple. Quand on est exilé, on a un quotidien avec bien des contraintes. L’art n’est pas la priorité ».
Le confinement viendra stopper les samedis d’expression théâtrale. « On a donc développé des ateliers d’écriture via Skype mais cela a empêché certains de continuer car ils n’étaient pas équipés d’ordinateur et de connexion internet… ». Certains se sont toutefois greffés au projet par le biais du bouche-à-oreille, engendrant un dynamisme et une cohésion pour avancer.
Des textes forts sur l’exil en sont ressortis. Ils ont fait l’objet d’une création radiophonique, Au bord du chant de l’exil, à défaut de ne pouvoir être joués à cause des contraintes sanitaires. « Nicole Garretta est intervenue pour expliquer comment articuler, placer sa voix, jouer de sa gestuelle. L’association Eole nous a prêté un studio en résidence », poursuit Fabienne.
Lectures publiques pleines de sens
Forte de cette expérience, Arts en Acte s’est lancée dans un autre projet d’expression culturelle, Ode à la vie, inspiré de poèmes de Pablo Neruda. « Nous avons sollicité les budgets participatifs de la Région Occitanie pour pouvoir monter un spectacle ». Le nouveau confinement a compliqué les répétitions. Ode à la vie a toutefois été présenté en lectures publiques l’été dernier.
A l’issu de ces restitutions, des discussions se sont ouvertes avec le public. « On a senti une réelle osmose. La culture, l’art ont le pouvoir de fédérer, de faire tomber les barrières, les préjugés, le manque de connaissances des drames et des situations vécues par les exilés », témoigne Noémie. L’exercice a été salutaire pour ceux qui l’ont mené. Pour l’estime de soi, l’ouverture aux autres. « Il y a plus d’un an, c’était impossible pour les participants de monter sur scène et de prendre la parole en public. Ils l’ont fait ! ».
Le site internet c’est ici.
Lauréat du budget participatif Occitanie ouverte sur le monde en janvier 2020 pour un montant de 3 000 €.