ACTU PROJET [Montagnes d’Occitanie] Le chanvre, fil d’une nouvelle ère textile

La La Région Occitanie, dans Montagne, le 10 mars 2021 0 commentaire

VirgoCoop

La défibreuse, acquise grâce aux votes citoyens, va permettre de transformer le chanvre en fibres textiles. Une étape importante dans tout le processus d’obtention d’un fil local.

Chanvre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

fibres textiles de chanvre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Trois Lotois ont monté VirgoCoop, une coopérative qui encadre leur projet de structurer une filière de chanvre textile en Occitanie. Des agriculteurs et partenaires motivés les ont rejoints. La Région leur a permis d’acquérir une défibreuse pour transformer le chanvre cultivé localement en fibres.

Ils ont fait un pari audacieux. Et même ambitieux. Qui part du constat qu’il faut être soucieux de ce que l’on produit et consomme, autant pour soi-même que pour la sauvegarde de la planète. Mathieu Ebbesen-Goudin, Johann Vacandare et Mathieu Thiberville ont eu l’idée de remettre au goût du jour la culture du chanvre textile en Occitanie. Pour ce faire, ils ont établi en 2018, à Cahors dans le Lot, VirgoCoop leur coopérative économique, sociale et solidaire, accélérateur de leur projet.

Le chanvre n’est pas une plante sortie de derrière les fagots. Sa culture n’a rien de nouveau. Il pousse depuis des siècles, notamment en Chine, où l’on établit sa trace plus de 4 000 ans avant Jésus-Christ. Vêtements, linges de maison ou encore voiles de bateaux ont été confectionnés en Europe avec son fil jusqu’à ce que le filon s’use au XIXe siècle, victime du succès du coton et de l’avènement de la marine à vapeur. « En Occitanie comme un peu partout en France, il n’y avait pas de filière organisée mais chaque foyer faisait son chanvre pour les habits, les draps », raconte Mathieu Ebbesen-Goudin.

Locomotive de transition écologique pour l’agriculture

Si aujourd’hui le chanvre revient sur le devant de la scène, c’est parce qu’il possède de nombreuses vertus : « C’est une bonne locomotive de transition écologique pour l’agriculture ». Il se cultive facilement car il a besoin de peu d’eau et d’engrais. Le chanvre est utilisé dans les cosmétiques, l’isolation thermique et phonique, la construction… « On se dirigeait plutôt vers ce secteur d’activités lorsque l’on s’est rendu compte que c’était déjà bien investi. On a alors pris l’option du textile où il y a tout à inventer, du moins à réinventer ».

Les agriculteurs de la vallée du Lot, auxquels les trois hommes ont fait part de leur projet, se sont montrés motivés. « Le chanvre s’adapte aux changements de climat, ne souffre pas de la sécheresse et vient en complément des cultures traditionnelles que sont les céréales, le tournesol… », poursuit Mathieu Ebbesen-Goudin. D’autres ont aussi fait part de leur enthousiasme, dont l’atelier Tuffery qui produit des vêtements en toile de jeans à Florac en Lozère. Et également l’atelier Passetrame, tisseur reconnu dans le bassin textile de Castres-Mazamet au pied de la Montagne Noire.

L’Occitanie dispose d’un énorme potentiel  

Au tout début de leur collaboration, les trois amis achetaient le fil issu du chanvre en Europe de l’Est. « On le faisait teindre et tisser dans le bassin de Castres-Mazamet », explique Mathieu Ebbesen-Goudin. « Avec cette solution, on était loin de la volonté de réduire les coûts et les distances, de favoriser l’économie locale ». La culture du chanvre sur place s’est alors imposée. « Les agriculteurs nous ont mis la puce à l’oreille. S’il y avait des débouchés pour leur garantir un revenu à l’hectare, ils étaient prêts à faire pousser tout ce qu’on voulait ». Restait à d’acquérir une défibreuse pour produire la fibre de chanvre. « Nous avons pu financer cette machine grâce aux Budgets participatifs initiés par la Région ».

Alors certes, le filage se fait en Pologne, faute de mieux, mais la matière première est de provenance locale. « On procède étape par étape, en espérant à terme pouvoir établir toute la filière ici », observe le fondateur de VirgoCoop, conscient que c’est un projet d’envergure qui n’aboutira pas du jour au lendemain. « On sait qu’il faudra revoir des prétentions, ajuster. Mais quoi qu’il en soit, l’Occitanie dispose d’un énorme potentiel, de surfaces importantes pour la culture de chanvre ».

Se positionner comme accélérateur d’autres projets

De la motivation, Mathieu et ses deux comparses, ainsi que leurs partenaires, n’en manquent pas. Ils envisagent de racheter l’atelier de tissage Pistre, à Saint-Affrique-les-Montagnes dans le Tarn, dont les propriétaires partent à la retraite. Et dans la même dynamique, de former de la main-d’œuvre qualifiée, de restructurer, redonner une nouvelle vie aux métiers de tisseurs et fileurs sur le territoire.

VirgoCoop entend se positionner comme l’accélérateur d’autres projets écologiquement et socialement responsables. « L’idée est de proposer des solutions, de mutualiser les moyens, de partir à la recherche de financements, de partenaires… il y a tant d’initiatives respectueuses de notre territoire à faire émerger ». Mathieu et ses deux associés y croient, portés par une belle énergie et leur bonne étoile. « Virgo, ça vient de vierge. Notre signe astrologique à tous les trois ». La vierge, mère protectrice de la terre et des moissons.

https://www.virgocoop.fr/

Lauréat du budget participatif Montagne 2019, en décembre 2019.