ACTU PROJET [Mer & Littoral] Pour une mer et une terre plus humaines
Crédit photos : SOS Méditerranée
SOS Méditerranée assure le sauvetage de milliers de personnes qui fuient l’enfer de leur pays sur des embarcations de fortune. Une exposition itinérante retrace la tragédie qui se déploie à quelques milles maritimes de nos côtes.
Elle est belle la Méditerranée, l’été, quand elle berce dans ses vagues les corps dénudés des vacanciers. Elle est laide la Méditerranée, en toute saison, quand elle devient le tombeau des corps des réfugiés noyés dans ses eaux. La mer chantée par Trenet est l’un des axes migratoires les plus dangereux au monde. L’organisation internationale pour la migration y fait état de 23 481 décès depuis 2014. Un nombre bien plus important si l’on compte les années où les statistiques n’étaient pas tenues.
Depuis son premier sauvetage en 2016, l’association européenne SOS Méditerranée a permis de garder en vie 34 631 personnes qui ont fui l’enfer de leur pays à bord d’embarcations de fortune. Beaucoup viennent de Libye où le quotidien est terrible, à cause des milices armées jihadistes qui asservissent les populations. En 2021, 33 opérations de sauvetage se sont déroulées en mer et 2 832 migrants ont été ramenés sains et saufs sur terre
Le devoir des États côtiers
En vertu du droit maritime international, il est du devoir des Etats côtiers de prendre des mesures pour aider les naufragés. Cet acte d’humanité n’est malheureusement pas accompli. Après le drame au large de l’île de Lampedusa, en 2013, qui a fait 366 morts, l’Italie a un temps assuré cette mission de sauvetage avec son opération le Mare Nostrum. 150 000 vies ont ainsi été épargnées. Jusqu’à ce que des voix hostiles soulèvent les supposées problématiques des vagues d’immigration pour les pays d’accueil.
Crédit photo : SOS Méditerranée – La grande exposition parcourt l’Occitanie dans un premier temps.
« SOS Méditerranée a alors été lancée pour remplir le devoir que ne tenait plus les Etats », souligne Jean-Pierre Lacan, coréférent de l’antenne de l’Hérault. Les naufragés sont pris en charge par l’Aquarius, robuste navire adapté aux eaux difficiles. Jusqu’à ce que la situation se tende avec le gouvernement xénophobe et populiste en place en Italie qui interdit tout débarquement dans ses ports. « L’Aquarius a fait l’objet de pressions ». SOS Méditerranée affrète alors Océan Viking, navire sous pavillon norvégien. « Il est solide, respectueux du droit maritime et des droits de l’homme ».
Sensibiliser les plus jeunes
Entre temps, l’Europe demande à la Libye de surveiller ses frontières maritimes et l’aide à former ses garde-côtes tout en fournissant des moyens nautiques. La situation ne devient pas pour autant sereine. Le trafic et les passeurs étant toujours légion. « 2021 a été particulièrement meurtrière sur la route allant des côtes libyennes à l’Europe où 18 617 êtres humains ont péri depuis 2014 », déplore Jean-Pierre Lacan.
En 2020, il encadre l’organisation d’une grande exposition itinérante de panneaux de photos pour sensibiliser à la cause des réfugiés et migrants naufragés. Le projet est plébiscité par les votes citoyens des Budgets participatifs de la Région Occitanie. L’argent débloqué permet de réaliser et d’acheminer les panneaux partout en Occitanie, surtout dans les établissements scolaires. L’expo fera un tour à Escale à Sète à Pâques. A l’automne, elle partira sur les routes de France.
« Les retours sont positifs. Les jeunes, très concernés, nous demandent comment ils peuvent aider. Nous leur disons d’en parler autour d’eux », ajoute Jean-Pierre Lacan, tout en précisant : « Il est important qu’ils s’ouvrent aux réalités mais se fassent leur propre avis, une opinion dans le contexte actuel ».
Les collectivités très investies
SOS Méditerranée regroupe plus de six-cent bénévoles en France. Elle est aussi présente en Allemagne, en Italie et en Suisse. Elle peut mener ses missions grâce aux dons qui viennent majoritairement de particuliers. Une journée de sauvetage en mer coûte 14 000 €. Si les états ne bougent pas, les collectivités territoriales, elles, sont mobilisées. « Elles alimentent 14 % de notre collecte. L’Occitanie s’est beaucoup investie depuis le début », assure le coadministrateur de l’antenne héraultaise.
La Région fait partie des trois collectivités pilotes dans le collectif de plateforme solidaire de SOS Méditerranée avec la ville de Paris et la Loire-Atlantique. « On y accueille nombre de départements et de villes d’Occitanie, dont à présent Montpellier ». La première subvention votée par Michael Delafosse, quand il a été élu maire, a été pour SOS Méditerranée. « C’est tout un symbole ».
Lauréat du budget participatif Mer et Littoral en octobre 2020 pour un montant de 15 000 €.