Lauréat Budget participatif Occitanie : le Don Quichotte des moulins à eau en Haute-Garonne
La Région Occitanie,
dans
Environnement Climat,
le 22 mai 2023
En bas de la chute d’eau du moulin de Saman
Citoyen engagé pour l’avenir de la planète et le développement des énergies renouvelables, Thomas Delebecque, professeur de mécanique, se passionne depuis toujours pour les moulins à eau. Tel un Don Quichotte des temps modernes, il se bat pour relancer la production électrique du moulin de Saman, dans le pays de Comminges.
L’enseignant est intarissable sur ce lieu pour lequel il a eu un coup de cœur il y a vingt ans. « J’ai vu la rivière, la grosse chute d’eau et j’ai craqué tout de suite », se souvient Thomas Delebecque, originaire du nord de la France et installé en Occitanie depuis cette découverte. Le moulin de Saman, situé à quelques kilomètres en aval des gorges de la Save, dispose d’un « droit d’eau » datant de 1877. Il alimentait autrefois la tuilerie de Blajan, le village de Saman et les communes limitrophes. Abandonné à la fin des années 1970, il est acquis en 1996 par la municipalité qui veut préserver ce patrimoine. « En 2003, la mairie de Saman, petit village de 130 habitants ne pouvant pas assumer la remise en état, cherchait un porteur de projet », raconte le quinquagénaire. « Nous avons créé une SCI et signé un bail emphytéotique de 60 ans pour la location du moulin, puis de six hectares de terres. L’objectif était d’y installer une exploitation maraîchère bio, de remettre en route la production électrique du moulin pour rendre l’activité agricole autonome en énergie et de vendre le surplus d’électricité sur le réseau. »
Développer l’hydraulique
Si Thomas s’est lancé dans ce projet un peu fou, c’est parce qu’il veut participer au développement des énergies renouvelables, qui passe selon lui par l’hydraulique. « Quand on parle de bouquet énergétique, on évoque le solaire, l’éolien mais très rarement l’hydraulique. » Et de citer son mentor Jean-Marc Jancovici, célèbre ingénieur et auteur à succès engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique, dont il ne partage pourtant pas la position sur le nucléaire. « Jancovici explique qu’il y a des jours où il n’y a pas de soleil, d’autres où il n’y a pas de vent. Donc la seule énergie renouvelable qui fonctionne tout le temps, c’est l’hydraulique. » Thomas Delebecque déroule son argumentaire mais, écolo convaincu, il s’empresse de préciser que, pour préserver la planète, il faut avant tout diminuer notre consommation d’énergie.
Des années de rénovation
De l’énergie, il en a fallu à Thomas pour, en premier lieu, restaurer les bâtiments. « C’était une ruine, il a fallu tout retaper, ça a pris plusieurs années. » Pour corser l’affaire, il a tenu à le faire avec des matériaux anciens pour conserver l’aspect de la bâtisse. « On a trouvé une vieille grange à l’Isle-Jourdain, on l’a démontée là-bas et remontée ici pierre par pierre et tuile par tuile. Quand je raconte ça, les gens me disent : ah ouais, quand même ! » Un couple de maraîchers s’est donc installé en 2008 dans le moulin tout juste restauré : les produits de l’exploitation sont vendus en circuit court, via une AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) et sur le marché de Saint-Gaudens.
Depuis, Thomas investit tout son temps sur son projet de relance de la production électrique du moulin à eau. Les challenges sont nombreux : démonter, restaurer, remonter et remettre en route la turbine hydraulique de 1927, construire un système pour protéger les poissons, répondre en tous points aux multiples exigences de l’administration. « Si je n’avais pas obtenu l’aide de la Région, j’aurais lâché l’affaire », avoue Thomas. « Sur le budget participatif, 20 000 € ont déjà servi à payer le bureau d’études qui travaille avec moi sur le dossier pour obtenir les autorisations. Je suis confronté à la rigidité et à la lenteur bureaucratique mais je fais le dos rond et je bataille. Dès que les freins sont levés et qu’on me dit banco, je fonce. »
Sites internet :
https://fdmf.fr/moulins-de-france/liste-moulin/france/occitanie/haute-garonne/moulin-de-saman
Lauréat du budget participatif Climat 2020 en février 2020 pour un montant de 40 000 €