Lauréat budget participatif : dans les Pyrénées-Orientales, une laverie à 1 € pour les étudiants
Luka et sa mascotte devant la laverie
À Perpignan, un jeune diplômé a eu une idée novatrice : créer une laverie accessible à prix mini aux étudiants afin de redonner du pouvoir d’achat à cette population très souvent confrontée aux difficultés financières. L’initiative, lauréate il y a un an du premier budget participatif de la Région dédié aux projets étudiants, est très appréciée des nouveaux utilisateurs qui l’ont découverte à l’occasion de la rentrée universitaire.
Tout juste titulaire d’un master en logistique obtenu avant l’été, Luka Roé aura 25 ans dans quelques semaines. C’est son quotidien d’étudiant qui a inspiré son concept de laverie solidaire. À l’époque, il vit dans un studio près de l’université de Perpignan et, comme beaucoup d’étudiants, est attentif à toutes ses dépenses. « Je n’avais pas de machine à laver, je faisais beaucoup de sport, j’allais donc à la laverie du quartier plusieurs fois par mois. Je me suis rendu compte que ça revenait très cher : c’est un vrai budget pour un étudiant ». En effet, pour une fréquentation hebdomadaire, en comptant lavage et séchage, un coût mensuel d’une quarantaine d’euros peut vite être atteint. Une somme importante pour des étudiants qui manquent parfois d’argent pour les dépenses indispensables, notamment l’alimentation.
Luka connaît bien cette réalité, lui qui a grandi et habite toujours dans un quartier prioritaire de la ville : « Ici, les difficultés sociales, on les voit tous les jours. Je sais qu’il y a des étudiants qui dorment dans leur voiture, d’autres qui ne font qu’un repas par jour. C’est quand même un peu honteux pour un pays comme la France. Et on n’en parle pas assez ». Il a donc décidé d’agir concrètement contre la précarité étudiante avec ce concept qui, selon ses recherches, n’existe pas ailleurs. « Au sein de ses résidences étudiantes, le Crous met à disposition des laveries à 2,20€ le cycle de lavage. Mais il n’y a pas assez de machines par rapport au nombre d’étudiants dans ces résidences et elles dysfonctionnent souvent. Surtout, de très nombreux d’étudiants n’habitent pas dans un logement Crous. »
Un investissement en argent et en temps
Deux ans de travail ont été nécessaires pour passer du constat à l’ouverture de la laverie solidaire. Luka a bénéficié du statut d’étudiant-entrepreneur et a même obtenu le diplôme universitaire d’étudiant entrepreneur (D2E), tout en continuant en parallèle son master en apprentissage. Un rythme très intense qui n’a pas effrayé ce jeune homme ultra motivé. « Quand je me suis engagé dans ce projet, je savais que ça ne me rapporterait rien avant très longtemps. Je ne suis même pas salarié de ma structure mais j’ai vraiment le sentiment de faire quelque chose d’utile, je le ressens dans les témoignages que je reçois ». Comme il doit gagner sa vie, Luka a trouvé un emploi dans une entreprise dès l’obtention de son master et s’occupe de la laverie en dehors de son boulot. « J’y vais au moins trois fois par semaine, je fais le ménage, je vérifie le matériel et je gère aussi la communication sur les réseaux sociaux : c’est incontournable pour toucher les jeunes. »
Située à proximité de l’université, la laverie solidaire est ouverte sept jours sur sept, de 7 h à 22 h. L’aménagement a été pensé pour que le lieu soit agréable, pratique et sûr : machines de qualité, propreté impeccable, vidéosurveillance, automatisation complète. L’investissement de 100 000 € a été financé par un prêt bancaire. « Il faut bien se lancer ! », sourit Luka lorsqu’on lui demande s’il n’a pas eu peur d’emprunter une telle somme à son âge.
Deux tarifs pour deux publics
Le tarif normal d’un cycle de lavage est de 4,50 €. Tout le monde peut utiliser la laverie à ce prix-là. Mais, grâce à la subvention de la Région dans le cadre des budgets participatifs, les étudiants dont le “reste à vivre”, après paiement de leur loyer et de leurs charges fixes, est inférieur à 450 euros par mois, bénéficient du tarif solidaire de 1 €. Il faut simplement remplir un dossier et le renvoyer par mail, puis tout se gère via une application. De plus, comme Luka Roé a monté son projet en partenariat avec l’association PSI, les étudiants qui s’inscrivent peuvent également bénéficier des services du centre socio-culturel et faire leurs courses à l’épicerie sociale, avec des prix réduits à moins 70 %.
Luka est impatient que la laverie solidaire, qui vient d’ouvrir, soit mieux connue par les étudiants perpignanais afin que toutes celles et tous ceux qui en ont besoin puissent en profiter. Mais il ne compte pas s’arrêter là. Après avoir pérennisé la laverie de Perpignan, il aimerait essaimer le modèle et en ouvrir dans toutes les villes universitaires d’Occitanie.
Lauréat du budget participatif Vos solutions pour la vie étudiante en octobre 2024 pour un montant de 20 000 €
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