Lauréat budget participatif : dans le Lot, un havre pour la faune sauvage

La Région Occitanie, dans Environnement Climat, le 28 avril 2025

Un bébé belette réhydraté avec une seringue.

À Montcuq-en-Quercy-Blanc, dans le Lot, un centre de sauvegarde pour la faune sauvage a ouvert le 20 avril. À l’origine de ce projet, deux passionnés : Gabrielle Bertrand, soigneuse animalière, et Alexandre Mazière, ingénieur écologue. Leur objectif commun : offrir une seconde chance aux animaux sauvages blessés, malades ou orphelins, sur un territoire jusqu’alors dépourvu de toute structure de soins dédiée.


« On savait qu’il y avait des zones blanches en France sans aucune solution pour porter secours à la faune sauvage », explique Gabrielle Bertrand, cofondatrice de ce nouveau centre et responsable des soins. En superposant les cartes de couverture des lieux existants, une évidence s’est imposée : le sud du Lot et le nord du Tarn-et-Garonne figuraient parmi les régions les moins bien dotées. «  En plus, la biodiversité y est extrêmement riche  ». Ainsi est né le projet de centre et l’association la Belette.
Implanter un centre de sauvegarde pour la faune sauvage ne s’improvise pas. Il faut créer des installations aménagées pour ces patients particuliers : salles d’hospitalisation, cuisine pour la préparation des aliments, volières de rééducation, enclos de réhabilitation… « Un animal sauvage, une fois soigné, ne peut pas être relâché sans préparation. Il doit réapprendre à voler, à chasser, à fuir les dangers, à retrouver ses comportements naturels  ». Gabrielle détient un certificat de capacité qui lui permet d’accueillir toutes les espèces de la faune sauvage de France métropolitaine. Les installations sont pensées pour répondre aux besoins biologiques de chaque espèce. «  On ne va pas mettre un moineau dans le même espace qu’un blaireau  ». Le centre dispose même d’une salle spécialement conçue pour les chauves-souris, essentielles à l’équilibre des écosystèmes mais particulièrement sensibles au stress.


Un engagement de tous les instants


La Belette comprend deux bâtiments réhabilités sur un terrain de 2,5 hectares. Gabrielle et Alexandre ont acheté la propriété grâce à un héritage familial et l’ont mise à disposition de l’association via une convention pour 30 ans. «  On a eu la chance de pouvoir investir cet argent dans un projet qui fait sens », confie la jeune femme. Vivre sur place est une nécessité. « À 3 heures du matin, on ne peut pas dire à un bébé chevreuil : tu mangeras demain ». Gabrielle admet ne pas avoir eu un vrai jour de repos depuis trois mois. « C’est un engagement à cent mille pour cent. » La mission du centre est bien précise : être une passerelle temporaire dans la vie d’un animal sauvage blessé. « Nous ne sommes ni un refuge, ni un zoo. Les animaux n’ont pas vocation à rester ici. Nous intervenons en cas d’accident de parcours, avant de les remettre dans leur milieu. »
Le travail acharné des fondateurs pendant quatre années a été récompensé par une victoire aux budgets participatifs de la région Occitanie. « Clairement, sans l’aide de la Région, on ne serait pas ouverts aujourd’hui », affirme Gabrielle. Près de mille personnes ont voté pour ce projet. « C’est une reconnaissance et cela prouve que la population est consciente de ce besoin  ». Le fonctionnement du centre repose par ailleurs sur la générosité des particuliers, les dons, les adhésions, et l’engagement de bénévoles.


Que faire en présence d’un animal blessé


En cas de découverte d’un animal en détresse, Gabrielle insiste : « Le premier réflexe doit toujours être d’appeler le centre avant d’agir. Intervenir sans savoir, même en étant bien intentionné, peut faire plus de mal que de bien ». Elle cite l’exemple des bébés chouettes que l’on peut parfois retrouver au sol… où les parents continuent à les nourrir. « Les gens les ramassent en croyant bien faire, mais en réalité ils aggravent la situation. »
Dès les premiers jours d’ouverture, une quinzaine d’animaux étaient déjà en soins : quatre renardeaux, un levreau, trois hérissons, des chouettes, un écureuil. Le hérisson d’Europe, espèce protégée et victime fréquente des tondeuses et des routes, est un pensionnaire habituel. Mais toutes les espèces sont traitées avec la même attention : « On va soigner avec la même ardeur un pigeon ou un bébé loutre. »


À travers son engagement, Gabrielle espère éveiller les consciences : « La très grande majorité des animaux que nous recevons sont des victimes directes des activités humaines : mammifères heurtés par des voitures ou blessés par des engins de jardinage, oiseaux qui tapent dans des vitres… » Le centre tente de compenser une part de cet impact. « C’est peut-être une goutte d’eau, mais chaque individu soigné est une vie sauvée. Et pour nous, ça fait toute la différence  ».


Site internet :
https://www.cds-labelette.com/

Réseaux sociaux :
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Numéro à appeler si vous trouvez un animal blessé dans le secteur : 07 88 64 15 41

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