Dans l’Hérault, une série digitale pour casser les stéréotypes
À Montpellier, l’association 3MTKD utilise la vidéo et l’humour pour démonter les clichés sur les quartiers prioritaires. Tournée à l’été 2022 au pied des tours du quartier Paul Valery, la série digitale Collé au béton met en scène des comédiens amateurs recrutés en proximité.
« Trop souvent, on stigmatise ces jeunes. Le but était d’en rire pour déconstruire ces préjugés tout en montrant une autre réalité », revendique Charlotte Salvo, coordinatrice des projets culturels de l’association 3MTKD, qui agit depuis 25 ans dans les quartiers prioritaires de Montpellier avec une mission claire : lutter contre les discriminations et favoriser la cohésion sociale.
D’abord créée autour du sport (taekwondo, foot, échecs), l’association, qui rassemble désormais près de 3000 adhérents, a rapidement élargi ses activités à l’animation sociale, le soutien scolaire, l’accompagnement à la parentalité, la culture… Elle gère un centre de loisirs et une base de loisirs à la Grande Motte. « On s’adresse aux jeunes et aux familles. On organise notamment des séjours pour les parents solos, afin de briser leur isolement », explique Charlotte.
Inspirée du vécu des jeunes
C’est sur le terrain où l’association 3MTKD est présente quotidiennement qu’a germé l’idée d’une série digitale, « un outil éducatif pour aborder des sujets de société avec humour et légèreté ». La proposition est venue de Laurent Mengual, animateur depuis des années dans les quartiers montpelliérains, notamment à la Paillade, mais aussi scénariste. « C’est un bénévole de l’association qui a une fibre artistique incroyable », s’enthousiasme la chargée de mission. « Un jour, il est venu nous voir en disant : j’ai écrit une série, je me suis inspiré de tous ces jeunes. À partir de ses échanges avec eux, en écoutant leurs galères et leurs espoirs, en observant leur façon de parler, il avait écrit les dialogues. »
Pour concrétiser son projet, Laurent Mengual a travaillé en binôme avec Christelle Gras, qui possède, elle aussi, une double casquette d’assistante sociale et de réalisatrice. Au même moment, la Région lançait le budget participatif « Vos solutions pour mieux vivre ensemble en Occitanie : luttons contre le racisme et l’antisémitisme ». Lauréate de cet appel à projets, l’association 3MTKD a pu organiser un casting pour trouver ses graines d’acteurs.
Un casting local et ouvert à tous
« On a fait de la com’ sur les réseaux, dans les maisons pour tous, et on a recruté neuf jeunes, âgés de 18 à 30 ans. Certains avaient déjà un peu d’expérience, en particulier le plus âgé, un jeune homme de 30 ans qui fait du théâtre et veut se lancer dans le cinéma. D’autres, comme des jeunes filles du quartier, rêvaient d’une école de cinéma sans savoir comment y arriver. »
La philosophie du projet était de donner une chance à tous, acteurs comme techniciens, et de faire travailler des Montpelliérains et de petites entreprises locales. « On a accueilli une dizaine de stagiaires de l’école Travelling, ils se bousculaient tous pour participer ! »
En août 2022, quelques jours avant le début du tournage dans le quartier Paul-Valéry, un grand repas partagé a été organisé sur la place. Les mamans du quartier ont cuisiné un couscous, habitants et équipe ont mangé ensemble. « Ça a créé un vrai moment de convivialité », se souvient Charlotte Salvo. Pendant le tournage, des habitants ont été intégrés dans la série. « La dame de l’accueil de la piscine, dont le père était le coiffeur du quartier, a fait une apparition devant la caméra. On a adapté les dialogues en fonction de ce qui se passait : l’idée était de faire participer tout le monde. »
Des épisodes courts et percutants
La série est maintenant dans la boîte. Composée de 10 épisodes de 2 à 4 minutes, elle aborde des thèmes très divers : l’homophobie, le racisme, l’écologie, la place des femmes, les règles, le consentement, la création d’entreprise… Chaque épisode est centré sur un personnage et un sujet précis.
La série est déjà utilisée par l’association pour des ateliers de citoyenneté. « L’idée, c’est que des profs puissent piocher dans les épisodes pour en débattre en classe. Si un professeur nous contacte, je peux me déplacer pour animer des discussions. »
Une diffusion pour le grand public est attendue en 2026.
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Lauréat du budget participatif Mieux vivre ensemble en octobre 2021 pour un montant de 30000 €