Dans l’Hérault, une camionette pour promouvoir le zéro déchets
Au volant de sa camionnette prénommée Georgette, Isabelle sillonne les villes et les villages entre Montpellier et Nîmes pour promouvoir l’antigaspi et le zéro déchet en proposant des ateliers de recyclage, de transformation d’objets et de vêtements et de fabrication de produits ménagers écologiques.
À 60 ans, Isabelle Soubeyran aurait pu lever le pied en attendant la retraite. Elle a préféré repartir à zéro pour s’investir dans un projet utile pour l’environnement. « L’écologie et le social sont des sujets qui m’ont toujours beaucoup concernée ».
Le déclic se produit lorsqu’elle visite une ressourcerie à Paris, en 2019. « Ça m’est apparu comme une évidence, j’ai su que c’était ce que je devais faire ». Le principe de la ressourcerie est simple : elle reçoit des dons d’objets et de vêtements, les trie et les répare le cas échéant et tout est revendu à prix très bas. Cela permet aussi de créer des emplois pour des personnes en insertion. « C’est de l’économie sociale et solidaire à 200 %, avec un objectif écologique et un volet social », s’enthousiasme Isabelle.
L’association naît en 2020. À l’époque, Isabelle a un emploi stable et une longue carrière de 33 ans aux Salins du Midi mais elle décide de démissionner : « je ne pouvais plus mener ce projet en travaillant à côté ». Elle reprend des études et obtient un master de chef de projet en économie sociale et solidaire « qui m’a été extrêmement utile ». Elle structure l’association, rencontre des partenaires. « On ne peut rien faire seul dans son coin. »
Des ateliers itinérants
En 2021, son projet, intitulé Repair’Truck, est lauréat du budget participatif Climat de la Région. « L’idée de base, c’était de créer une ressourcerie entre Nîmes et Montpellier, sur un territoire où cette offre était absente et en parallèle, d’aménager une camionnette qui sillonnerait les villages pour récupérer des objets ou en amener aux habitants », explique Isabelle.
La subvention permet d’acheter une camionnette d’occasion, l’association obtient l’agrément entreprise d’insertion… Mais la réalité du marché immobilier rattrape la sexagénaire. « On s’est heurtés à la difficulté de trouver un local commercial : ils étaient rares et beaucoup trop chers ! J’ai compris qu’on n’y arriverait pas avec notre budget ».
Qu’à cela ne tienne, exit la ressourcerie en dur ! En tenant la Région informée, l’association se recentre sur ses actions itinérantes. Elle organise un concours sur Facebook pour baptiser la camionnette – ce sera Georgette – qui est décorée pour marquer les valeurs défendues. « Georgette est devenue unique », rigole Isabelle.
Pédagogie du recyclage et de la transformation
Isabelle, qui se définit comme manuelle et bricoleuse, lance des ateliers itinérants zéro déchet : fabrication de tawashi (éponges japonaises en tissu recyclé), tote-bags à partir de vieux tee-shirts, bee-wrap (emballage à base de cire d’abeille, lavable et réutilisable une centaine de fois, qui permet de remplacer le film alimentaire plastique et le papier aluminium de nos cuisines), lessive écologique avec du savon de Marseille… une liste non exhaustive.
Georgette devient un outil de sensibilisation mobile. Fêtes de la nature, marchés nocturnes, semaine européenne de réduction des déchets, sollicitations du Syndicat mixte Pic et Étang ou d’un gestionnaire d’incinérateur de déchets, animations en milieu scolaire : Georgette saisit toutes les occasions pour se déplacer, de Frontignan dans l’Hérault à Marsillargues dans le Gard en passant par Saint-Jean-de-Védas ou Lunel Viel. « En 2023, lors de la semaine européenne de réduction des déchets, on est allés dans dix communes différentes ! »
Sensibiliser les adultes et les enfants
Les publics sont divers, allant d’écologistes convaincus aux touristes curieux. « Sur les salons zéro déchet, les gens sont déjà sensibilisés. Sur les marchés touristiques, ils découvrent. Mais on arrive toujours à les capter. Dans les écoles, on racontait un conte lié à la protection de l’environnement : les enfants étaient très réceptifs. Lors d’ateliers pendant l’étude après la classe, on a présenté une fresque du climat sur le cycle de vie du tee-shirt ».
Isabelle Soubeyran, très investie pendant plusieurs années dans ce projet en tant que bénévole, a dû retrouver un emploi salarié et a un peu moins de temps à consacrer à la Tricyclerie du Midi. Deux événements sont néanmoins déjà programmés au printemps 2026, en partenariat avec l’association Amaelles Vivadom à Nîmes, à destination de ses 500 employés. Et toutes les collectivités du territoire intéressées pour subventionner ces actions peuvent contacter l’association.
Contact : [email protected]
Lauréat du budget participatif Ma solution pour le climat en janvier 2021 pour un montant de 45 000€