Lauréat Budget participatif : dans l’Hérault, un jardin mellifère favorise l’inclusion

Des panneaux explicatifs parsèment le jardin
À la Salvetat-sur-Agout, un jardin mellifère de 1500 m² a été créé sur le site de l’Établissement et Service d’Aide par le Travail (ESAT) Le Garric. Ce projet, porté avec enthousiasme par les travailleurs en situation de handicap et les encadrants et soutenu par la population locale, a été inauguré en juin 2024.
Depuis plus d’un demi-siècle, l’ESAT Le Garric accompagne des adultes en situation de handicap mental léger vers l’autonomie et l’emploi. Avec ses ateliers variés – blanchisserie, nettoyage industriel, mécanique automobile, menuiserie-ébénisterie, espaces verts, vente de pain et de viennoiseries et enfin apiculture – l’établissement offre à 65 travailleurs un cadre pour s’épanouir. « Notre mission est de leur donner la possibilité de se former et de s’insérer professionnellement, en faisant le pont entre le milieu protégé et le milieu ordinaire », explique Nicolas Cufer, son directeur. L’ESAT abrite aussi un foyer d’hébergement où résident 45 de ses travailleurs, d’une moyenne d’âge de 30 ans.
Un jardin né d’une envie de partage
L’idée du jardin mellifère est née d’une réflexion collective. « On voulait utiliser une partie de notre terrain pour créer un outil qui serve à la fois à protéger l’environnement et à accueillir du public, dans un esprit d’inclusion inversée : ce n’est plus nous qui allons vers l’extérieur, ce sont les visiteurs qui viennent découvrir notre univers », précise Nicolas Cufer.
Lorsqu’en 2020, la décision a été prise de candidater aux budgets participatifs de la Région, les travailleurs, les professionnels de l’ESAT et même les habitants de La Salvetat-sur-Agout se sont mobilisés. « Il y a eu un engouement important, se souvient Nicolas Cufer. Chacun a communiqué auprès de son entourage, distribué des flyers, nous avons organisé des réunions… et les habitants ont voté massivement pour nous. Pour nos équipes, c’était une vraie fierté d’être lauréats. »
Un écosystème pensé pour les abeilles
Le jardin est un modèle d’adaptation au climat local, marqué par des hivers rudes balayés par des vents du nord. « Nous avons étudié les besoins en pollen des espèces mellifères et choisi des végétaux résistants, comme la lavande, la bruyère, le cornouiller, le forsythia ou encore des arbres fruitiers comme le mûrier et le poirier », détaille le directeur. Les massifs et les haies, conçus pour offrir des ressources toute l’année, attirent abeilles mais aussi papillons, oiseaux et autres insectes.
Les travailleurs de l’ESAT ont participé à toutes les étapes : conception, plantation, aménagement des chemins, fabrication du mobilier… « Chacun a mis la main à la pâte, selon ses compétences. C’est un projet qui nous a rassemblés ». Un cheminement ludique a été réalisé pour les enfants, avec un parcours fléché et une table de jeu autour des abeilles. Les randonneurs du chemin de Saint-Jacques de Compostelle, tout proche, font également halte dans le jardin.
Un miel plus doux, une nature préservée
Le jardin a déjà des effets concrets. « On a remarqué dès l’année dernière une différence dans la saveur du miel. Auparavant, notre miel était essentiellement de tilleul et de bruyère de montagne ; aujourd’hui il est nettement plus fruité, plus doux et voluptueux grâce à la diversité des essences végétales », se félicite Nicolas Cufer. La quinzaine de ruches de l’ESAT profite de ce garde-manger de proximité qui permet aux abeilles de faire des réserves pour l’hiver.
Le miel, bio et sans pesticide, est vendu en circuit court, notamment au dépôt de pain de l’ESAT. « L’an dernier, on a écoulé presque la totalité de nos 700 pots. Les locaux et les touristes adorent ! » Un succès qui renforce la fierté des travailleurs : « Ils aiment en parler, montrer ce qu’ils font. C’est un faire-valoir. »
Un projet citoyen et pédagogique
Au-delà de la production de miel, le jardin est un outil de sensibilisation. Des écoles viennent déjà visiter le site pour découvrir la biodiversité et les enjeux de la protection des abeilles. « On veut transmettre ce message : chacun peut agir à son échelle pour préserver l’environnement », insiste le directeur. L’ESAT travaille aussi avec des apiculteurs voisins pour former ses travailleurs.
Aujourd’hui, le jardin mellifère est bien plus qu’un espace vert, il symbolise les valeurs de l’ESAT en alliant inclusion, écologie et lien social. « C’est un jardin citoyen. L’objectif est que chacun se l’approprie. »
Pour retrouver le projet lauréat :
Lauréat du budget participatif Montagne pour un montant de 29 000 €