Lauréat Budget participatif : dans les Pyrénées-Orientales, le réemploi de cuves viticoles
Les anciennes cuves viticoles après travaux
Située dans le Parc Naturel Régional Corbières-Fenouillèdes, la commune de Maury a créé, à l’occasion de la construction d’un écoquartier, un nouveau réseau d’acheminement des eaux pluviales vers des cuves désaffectées de la cave coopérative. Réutiliser des équipements existants dans un objectif de préservation de la ressource en eau, cela coulait de source.
Dans un département particulièrement touché par la sécheresse et le déficit hydrique, la municipalité de Maury, 800 habitants et 1000 hectares de vignes, fait un peu figure de précurseur. « Nous sommes au cœur de la nature, entourés d’une faune et une flore fantastiques que nous devons préserver, affirme Thierry Mandille, secrétaire général à la mairie de Maury. « Le maire, qui est aussi vice-président du Parc Naturel Régional, est sensible à la protection de l’environnement et nous avons toujours eu une philosophie un peu avant-gardiste dans le domaine de l’eau. »
Dès le début des années 2010, avec l’aide d’un ingénieur agro-environnemental dont le poste a été financé par la Région, l’Agence de l’eau et le Conseil départemental, un plan d’action a été élaboré en concertation avec les vignerons, les acteurs locaux et les élus. La construction d’une aire de remplissage et de lavage des appareils viticoles et des pulvérisateurs a permis d’éviter le rejet de produits phytosanitaires dans le milieu naturel en récupérant tous les effluents et ainsi de garantir la qualité de l’eau.
Un projet d’urbanisme de qualité
En 2015, lorsque la mairie a lancé un projet d’écoquartier, elle n’a pas voulu le confier à un lotisseur privé afin de maîtriser tout le processus et de favoriser l’écoconstruction. Accompagnée par un écologue, la commune a travaillé très en amont sur la question de la ressource en eau et des économies d’eau. « D’abord, nous avons essayé de minimiser le plus possible l’impact des constructions en sacrifiant des mètres carrés, en laissant des espaces de garrigue qui font un tampon végétal », développe Thierry Mandille. « Ensuite, nous avons proposé le recyclage des eaux grises, pour lequel nous avons obtenu un premier budget participatif ». Le principe est de récupérer les eaux de la salle de bains pour les rediriger dans les toilettes. Soixante dispositifs ont été financés grâce à la Région, permettant d’équiper ces nouveaux logements.
Troisième point : dans ce projet d’écoquartier labellisé, l’architecte et le bureau d’études avaient prévu des bassins de rétention. « Or, juste à côté, nous avions des cuves de la cave coopérative désaffectées et abandonnées, cinq cuves en inox en partie aérienne et dix cuves en béton souterraines », explique le secrétaire général.
Sortir des sentiers battus
Au lieu de démanteler ces cuves, serait-il possible de les réutiliser ? La réflexion était engagée. « Il fallait démontrer que la capacité était suffisante pour remplacer les bassins de rétention ; c’était le cas puisque les 1750 mètres cubes correspondaient aux calculs hydrauliques qui avaient été faits pour la totalité du lotissement. Une fois les autorisations obtenues, il fallait juste acheter des pompes pour équilibrer la répartition de l’eau dans les cuves. C’était la partie la plus onéreuse mais ce n’était rien en comparaison avec le coût de bassins de rétention. »
L’intérêt n’est bien sûr pas seulement financier. Créer des bassins de rétention implique d’utiliser du foncier pour la construction d’ouvrages hydrauliques, d’imperméabiliser les sols. Réutiliser des équipements existants diminue l’impact environnemental.
La participation aux budgets participatifs a permis de diffuser l’information sur les réseaux sociaux, de montrer l’importance du projet au grand public et de recueillir de nombreux votes favorables. « Être lauréats nous a permis d’aller au bout de ce projet. Parallèlement, nous avons reçu les trophées de l’investissement de la filière du BTP. C’est important qu’une innovation initiée par une collectivité soit récompensée. Cela prouve que nous pouvons sortir des sentiers battus en ne faisant pas des aménagements de lotissement classiques. »
Le projet va évoluer d’abord esthétiquement avec une opération prévue de végétalisation des cuves, puis dans sa fonction. « Pour l’instant, nous avons une autorisation de rétention d’eau pluviale. Dans un deuxième temps, nous envisageons de faire du stockage et donc d’utiliser cette eau, par exemple pour irriguer les espaces verts et pour les besoins des services techniques », expose M. Mandille. « La ressource en eau va être un enjeu majeur dans les années à venir. La commune de Maury anticipe l’avenir de son territoire. »
Lauréat du budget participatif Montagne en décembre 2019 pour un montant de 70 000 €