Budget participatif Mer & Littoral : une micro-ferme florale sur le littoral
À Vias, un couple de jeunes scientifiques a créé un jardin littoral au bord du Canal du Midi, dans une démarche écologique et participative. Ils cultivent principalement des fleurs de saison, vendues en circuit court. Leur micro-ferme est ouverte aux habitantes et habitants ainsi qu’aux étudiants.
Despina est une biologiste et océanographe d’origine chypriote, Tristan est enseignant-chercheur en géographie. Couple à la ville, ils sont tous les deux très concernés par les problèmes environnementaux. « On voulait s’investir dans un projet bénéfique pour la nature et pour le public », explique Despina. Un ami, déjà lauréat des budgets participatifs de la Région, les incite à participer et en 2020, en plein confinement, ils signent un compromis de vente pour une maison et un terrain d’un hectare au bord du Canal du Midi, avec l’intention d’y développer leur projet. « L’objectif de départ était de créer un jardin de plantes aromatiques et médicinales et un centre d’activités pédagogiques », se souvient Tristan. Rapidement, ils s’aperçoivent que la production de fleurs coupées est un vrai besoin. « 90 % des fleurs coupées vendues en France viennent de l’étranger, principalement des Pays-Bas, et il y a très peu de producteurs de fleurs en Occitanie », poursuit le jeune homme.
Si, la première année, ils ont planté quelques fleurs et beaucoup de plantes aromatiques, aujourd’hui 80 % de la superficie de leur terrain est occupé par des fleurs.
Filière courte et certification bio
Mais ils n’ont rien abandonné de leurs valeurs, au contraire. « Nous cultivons de la fleur locale de saison selon des méthodes d’agriculture durable », décrit la jeune femme. « Nous sommes désormais certifiés en agriculture biologique. Nous avons mené des recherches pour créer un véritable écosystème, nous avons planté des arbres et des arbustes qui seront encore là après nous. »
Cette filière courte de fleurs – ils cultivent une centaine de variétés – commence à avoir du succès. Despina, qui gère l’exploitation au quotidien, vend directement à la ferme à des particuliers qui viennent spontanément ou commandent sur le site internet, et elle est présente sur le marché du village. Le couple vend également ses produits à un supermarché de Vias, satisfait de proposer à ses clients des fleurs locales de saison. Despina et Tristan travaillent aussi avec des fleuristes des environs, notamment à Agde et Montpellier, et fournissent quelques restaurants en fleurs comestibles.
Enfin, depuis quelques semaines, ils ont intégré, dans le cadre du programme alimentaire territorial, un groupement de producteurs sur une plateforme en ligne.
Leurs préoccupations environnementales se traduisent jusque dans leurs déplacements : Despina livre à vélo ses abonnés du village et Tristan transporte ses seaux dans le TER pour aller à Montpellier.
Habitants et visiteurs bienvenus
Le deuxième objectif du projet était d’ouvrir le jardin vers l’extérieur, de faire participer les habitants, d’organiser des ateliers. « Depuis la première année, on a organisé de nombreuses portes ouvertes pour communiquer sur nos pratiques d’agroécologie, expliquer comment on travaille en harmonie avec l’environnement », détaille Tristan. « Nous souhaitions aussi faire découvrir au public la biodiversité qui existe sur cette zone humide protégée. »
La micro-ferme florale est donc en passe de devenir, par la volonté de ses créateurs, un lieu de vie dans le village. À la mi-août par exemple, environ 70 personnes ont participé à une journée d’ateliers où l’on pouvait apprendre à confectionner des couronnes florales avec une fleuriste, s’initier à l’aquarelle avec une artiste du village ou pratiquer le yoga au milieu d’un grand mandala lors de cours animés par une professeure de yoga.
Quant à celles et ceux qui veulent juste venir se balader dans ce cadre agréable, le jardin est ouvert au public sur rendez-vous.
Un partenariat avec l’IUT de Montpellier
Toujours dans une démarche pédagogique, les Jardins élevant de Vias ont un partenariat avec l’IUT de génie biologique de Montpellier. Les étudiants de la filière « sciences de l’aliment et biotechnologie » viennent régulièrement sur place pour choisir des plantes. « Ces jeunes créent des aliments à partir de notre production », racontent les deux exploitants agricoles. « Ils s’intéressent surtout aux végétaux que nous cultivons et qui sont très difficiles à trouver ailleurs. Par exemple, l’année dernière ils ont fait des confitures de kaki avec différents types de plantes aromatiques de chez nous, notamment de l’estragon mexicain. Ils voulaient aussi essayer de recréer les chamallows d’antan, donc on a planté de la guimauve. Cette année ils travaillent avec les baies d’aubépine et les pétales de fleurs pour faire des pétales cristallisés avec du sucre. »
D’autres projets sont en cours : des visites des écoliers du village, la mise en place d’une grainothèque avec la médiathèque d’Agde, la création d’une chambre d’hôtes écologique avec vue sur les fleurs… Le couple ne manque pas d’idées pour décliner sa vision d’un mode de vie plus responsable. « On fait notre petite part du chemin pour l’écologie », insiste Despina. « Si tout le monde faisait pareil, peut-être qu’on y arriverait. »
Plateforme de vente (circuit court Agde)
Lauréat du budget participatif Mer & Littoralen octobre 2020 pour un montant de 35 900 €